Pour une école vraiment meilleure

Je vous souhaite à tous une bonne année 2013.

Je me garderai bien de formuler des vœux d'ordre scolaire tant cette année encore, l'école Bapaume va faire dans la grandiloquence. J'avais espéré un temps qu'après deux classes découverte de suite et des parents d'élèves jaloux et mécontents de payer pour ceux qui partent, à commencer par la cheftaine des représentants d'élèves qui n'a toujours pas digéré que les enseignants de ses enfants n'organisent rien, nos chers enseignants reviendraient à la raison.

Eh bien non, et cette année, ce n'est pas une mais deux classes découvertes qui vont être organisées pour les deux dernières classes. Très chers contributeurs de la coopérative, comment pouvez-vous encore et toujours continuer de verser votre contribution alors que ce sont toujours les mêmes classes qui partent et qui finiront bien par ne plus partir quand vos enfants y arriveront!

Au-delà du coût de ces projets qui n'ont de pédagogiques que le nom et le contenu du dossier pour obtenir l'autorisation auprès de l'inspection académique, je pose le plus impartialement possible la question du bien-fondé pédagogique: que de temps perdu en préparation et le plus souvent apparemment aucune exploitation au retour et que dire du contenu où les élèves ne se voient dispenser aucun cours pendant une semaine! On saura vous vanter le savoir-vivre ensemble mais pour cela nul besoin de partir à la montagne, à la mer ou à Paris: l'école au quotidien, c'est des leçons de savoir-vivre. Si nous étions au début du XXème siècle, dans un contexte où les familles n'avaient pas forcément les moyens d'emmener leurs enfants en vacances, je le concevrais éventuellement mais aujourd'hui et tout particulièrement dans notre école où les milieux sociaux sont plutôt aisés voire très aisés, les familles sont capables d'emmener les enfants en vacances et de faire la même chose que ce qui est proposé au travers de ces classes découverte. Et pendant ce temps là quid de matières essentielles telles que le français et les mathématiques dont les bases minimales feront cruellement défaut à certains élèves lorsqu'ils entreront au collège.

Au lieu d'avoir présent à l'esprit les préoccupations que je viens d'évoquer, je vois les parents ravis de voir partir leurs enfants (peut-être sont-ils contents de s'en débarrasser une semaine ...) alors qu'il n'y a vraiment rien à envier dans le contenu de ces classes découverte! Quant à ceux qui n'en bénéficient pas, ils pestent dans leur coin de ne pas avoir cette chance et de payer pour ceux qui partent.

Le mieux serait de boycotter la coopérative: la directrice nous l'avait écrit l'année dernière: s'il y a moins d'argent, de facto moins de projets pourront être financés. Il n'y a pas besoin de dépenser de l'argent pour que l'enrichissement personnel soit au rendez-vous: que vous vous contentiez de visiter le musée de Picardie ou que vous alliez au musée du Louvre, quelle différence cela fait-il pour un enfant d'école primaire qui n'en retiendra rien d'un point de vue culturel mais qui aura éventuellement apprécié de prendre le train (ce qui ne figure pas encore dans les compétences pédagogiques)? Vous imaginez-vous réellement que l'intérêt est proportionnel au coût de la sortie?

Je sais que je parle dans le vide mais comme ces pages sont quand même consultées régulièrement, j'espère que certains de mes lecteurs se reconnaîtront dans mes propos. Je sais aussi que les enseignants de l'école parcourent ces pages mais pour autant, je ne note pas de changement dans leurs actions pédagogiques alors que mes propos sont empreints d'un bon sens évident. Tant que certains parents continueront de penser que les maîtres et maîtresses de leurs enfants sont des gens extraordinaires et qu'il n'est pas bien de ne pas penser comme eux, alors vous continuerez de voir fleurir des projets coûteux à l'intérêt pédagogique limité.

Et que dire des représentants de parents d'élèves qui vont dire ouvertement en conseil d'école qu'ils soutiennent l'idée des classes découverte alors que certain(e)s sont verts de rage que leurs enfants n'y aient pas participé. Dans un système où tout le monde s'autocongratule, comment pourrait-il y avoir une place pour une réflexion critique et constructive telle que la mienne?

Prenez le temps de réfléchir à ce que j'ai exprimé ici et essayez d'agir par rapport à ce que vous pensez et non par rapport à ce que tout le monde attend que vous pensiez ou fassiez.

Au moins la crise n'aura pas atteint notre école!